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Causerie de Mars 2022

Ce dimanche là je suis parti de ces questions : que fait l’hôpital ? Que fait la police ?

en lien avec la question de la résistance de l’intérieur /de l’extérieur.

Finalement la question c’est comment résister ensemble.

Ensemble face à ce qui nous angoisse, ce qui nous dérange, nous fait du mal.

Que ça soit la police ou l’hôpital, il faut trouver un accord et lutter contre ensemble. Trouver du nous dans lequel il y a du jeu.

C’est avec Deligny que j’ai pu illustrer ce point. Il évoque l’idée de vivre en présence et non du vivre ensemble. Par exemple dans le film « ce gamin là » on voit très clairement qu’il existe un « écart vivable » entre les enfants autistes et les personnes qui les accueillent sans trop se préoccuper d’eux. Deligny disait il faut les oublier. C’est ainsi qu’un « entre » se met à exister et « quelque chose passe » : la main d’une fille s’empare d’un panier, la marche de l’un s’engage sur les pas d’un autre, l’accord rythmique se trouve entre deux corps… Là Deligny, qui se méfie des mots et du symbolique, s’approche d’une présence d’espèce, différente d’une présence ethnique, plus liée au sociale.

Catherine Perret dans son livre « le tactile, l’humain, Anthropologie politique de Fernand Deligny » présente très bien cette approche. En faite vivre en présence c’est d’abord accepter, supporter sa présence, une telle présence devient le support de l’être là de l’autre. On le voit très bien dans le film « ce gamin là » et c’est ce que nous avons de plus en plus de mal à réaliser dans nos hôpitaux qui ne sont plus des asiles, mot cher à F Tosquelles et à L Bonnafé.

Et là, après quelques citations de Deligny nous avons démarré la causerie dont je reprends quelques phrases : Extirper de la culture ce qui peut être un besoin comme la faim (Artaud).

A une époque on pouvait cueillir et manger les fruits, même en ville, sans être traité de voleur.

Comment créer des ESPACES COMMUNS.

On s’indigne par les mots et on ne fait plus rien. Fabriquer du bien commun demande à faire en commun.

Qu’est ce qu’on fait avec Poutine ? Qu’est ce qu’on fait contre les ventes d’armes ? Faisons ce qui nous fait du bien. La vie/la survie. Est-ce possible de s’en prendre à la biotechnologie ? Localement il y a des possibilités. Est-ce qu’il faut aller dans les lieux où ça se passe ? (Laborde…) Quand on est malade on va à l’hôpital. Arme de destruction massive ? !! On se bat pour ne pas se perdre et cela c’est le combat de chaque sujet, certaines rencontres peuvent le soutenir. Nous parlons du travaille de Radio de F Danos qui tente de créer des espaces commun et leur donner une visibilité avec l’internet : « Radio psg » matin où, au « Vanilla Café », il s’agit de mettre des mots autres que ceux que l’on a l’habitude d’entendre. Investir l’espace médiatique pour changer des idées. Il ne s’agit pas de juste donner un micro mais aussi soutenir un travail de parole, aider à apprendre à parler.

Là surgit une question complexe. Comment soutenir les gens qui vont à l’hôpital ? Comment accompagner quelqu’un à l’hôpital ? Quelqu’un nous dit qu’il ne va pas accompagner quelqu’un à l’abattoir. Cette réponse violente nous confronte à la violence de ces lieux et la violence de certaines accueille dans ces moments de crises.

Nous avons du pain sur la planche. Soutenir une personne pour qu’elle puisse changer son rapport à ces lieux mais aussi tenter de créer et tenir des lieux où chacun peut trouver sa place, soutenir chacun à pouvoir supporter des moments d’angoisse dans la possibilité de construire des espaces communs, du bien commun.



Prochaine Causerie le dimanche 3 avril, à 15 h au 24 Rue Ramponeau 75020. C’est Fréderic Danos, poète, comédien qui nous jouera sa pièce de théâtre, l’encyclopédiste, qui aborde simplement la question du langage et de son apprentissage…   


Au plaisir de vous voir.


Nader Aghakhani

 

Publié le mardi 01 mars 2022
Modifié le jeudi 05 mai 2022